Sevran : la tour du 1, allée La Pérouse n'est plus que gravats

Une montagne de gravats entourée de poussière blanche, visible depuis la rue Dumont-d'Urville. Voilà ce qu'il reste de la tour du 1, allée La Pérouse, dans la cité des Beaudottes, à Sevran. La haute bâtisse aux façades claires et ses 94 logements ont disparu en quelques jours, au gré de travaux de grignotage démarrés le 7 août.

« Ça fait comme un trou, c'est bizarre », constate un ancien habitant du quartier.

La démolition de l'immeuble, autrefois haut lieu du trafic de drogue, était actée depuis 2011 et doit marquer le début de la rénovation du secteur des anciennes Beaudottes. C'est ainsi qu'on nomme cet ensemble de 1 100 logements sociaux, répartis en sept barres et deux tours encore sur pied, qui ne constitue qu'un petit bout du quartier des Beaudottes (où réside un Sevranais sur cinq).

Depuis l'an dernier, l'immeuble était vide. Soixante pour cent de ses habitants ont été relogés par le bailleur I3 F, au sein même de la commune, les 40 % restants ont déménagé dans d'autres villes. « En général, ils occupent des logements de meilleure qualité », assure-t-on au cabinet du maire (EELV), Stéphane Gatignon. La décision de raser cet immeuble était directement liée à la présence des dealeurs qui avaient rendu la gestion du bâti difficile et le quotidien des locataires invivable. Soucieuse d'apporter une « réponse urgente » au problème, l'Agence nationale de rénovation urbaine (Anru), a accepté en 2011 de débourser 5 M€ pour les anciennes Beaudottes et le secteur voisin de Savigny.

Depuis sa fenêtre, un père de famille du quartier a suivi le chantier « au jour le jour ». Il est, dit-il, tiraillé entre « le soulagement » et un regret : « On pleure sur le manque de logements, et là on en détruit. C'est un paradoxe. » Mais il le répète : « C'est un soulagement quand même. Ça s'est beaucoup calmé. A partir du moment où ils ont décidé de le détruire, il a été gardé, surveillé. Avant, on a vécu des moments très, très difficiles : des voitures en feu tous les jours, des cris, le vacarme, le danger... » Mais la disparition de cette tour emblématique ne suffira pas à tout résoudre, souligne-t-il : « Les dealeurs ne partiront pas, ils se déplacent de bâtiment en bâtiment. Ils ont essayé de s'installer dans mon immeuble, mais les habitants ont réussi à les raisonner. Ils sont partis ailleurs. »

Le projet de rénovation des anciennes Beaudottes (qui avaient bénéficié de travaux en 1999 et 2004) prévoit l'aménagement d'un terrain de football, en lieu et place de l'immeuble démoli (la création d'un terrain de pétanque et d'un gymnase est également envisagée), mais aussi la construction de logements neufs, la réhabilitation de l'existant et l'aménagement d'un grand espace vert baptisé Champ-Libre. « Cette démolition était l'acte I. C'est le début d'une rénovation en profondeur », note-t-on au cabinet du maire.

Outre les 5 M€ déjà accordés par l'Anru, la ville attend désormais de nouvelles subventions, dans le cadre de l'acte II de la rénovation urbaine. Les choses devraient se préciser cet automne. Le quartier des Beaudottes a déjà été l'objet, depuis 2005, d'une convention de rénovation d'un montant total de 86,3 M€ (dont 36 M€ financés par l'Anru). D'autres conventions avaient été signées pour les quartiers Rougemont (125 M€) et Montceleux-Pont-Blanc (87 M€).

source : leparisien.fr