Des portes d’entrée arrachées, des vitres brisées par le souffle. Hier matin, les habitants d’une barre HLM de quatre étages Cité-Blanche à Sevran (Seine-Saint-Denis) ont été extirpés de leur sommeil, vers 5h30, par une violente déflagration causée par une charge explosive, placée sur la porte d’un appartement au deuxième étage de l’immeuble.
« Ma porte blindée s’est ouverte comme sous l’effet d’un puissant coup de vent. J’ai entendu crier dans l’escalier : Police! Police ! J’étais terrifiée. Je me demandais ce qui se passait », raconte Hawa*, qui habite au 3e étage.
Aucun blessé n’est à déplorer mais les habitants ont été évacués avant d’être accueillis dans un gymnase voisin, mis à disposition par la mairie. Les experts de la police scientifique ont ensuite effectué divers prélèvements sur les lieux des faits.
Selon les premiers éléments de l’enquête, confiée au service départemental de police judiciaire (SDPJ), il semble que dix grammes d’explosifs — dont la nature n’a pas encore été déterminée — ont suffi, placés sur la porte de l’appartement, sur la droite au second palier, pour faire trembler tout l’édifice. « Heureusement, personne ne se trouvait dans le logement dont la porte a été soufflée, relate une source proche de l’affaire. Les auteurs de ces faits particulièrement graves ont pris tous les risques pour pénétrer dans cet appartement. C’est du jamais-vu. Il semble qu’ils voulaient, coûte que coûte, récupérer quelqu’un ou quelque chose qui s’y trouvait. Les types qui ont fait ça n’ont aucune limite. »
Logement servant de lieu de stockage de drogue ou d’argent? Règlement de compte? Toutes les hypothèses sont envisagées. « La locataire des lieux a été identifiée et va être rapidement entendue par le service d’enquête, poursuit la même source. Des analyses sont en cours sur l’explosif utilisé afin de déterminer s’il a déjà servi. » Selon nos informations, la voiture empruntée par les auteurs de cette explosion pour prendre la fuite a été retrouvée quelques minutes après les faits. Le véhicule, signalé volé, a été découvert, vide de tout occupant et incendié, dans une rue de Rosny-sous-Bois.
« A une demi-heure près, mon voisin mourait, s’émeut Mouna, réfugiée au gymnase avec ses voisins. A 5 heures, il était dans la cage d’escalier pour aller travailler. » Sous l’effet de l’explosion, la plupart des vitres des dix appartements de la cage d’escalier ont volé en éclats. Les portes des 3e et 4e étages se sont ouvertes et celles du rez-de-chaussée, du 1er et du 2e ont été arrachées. « Ma porte a été projetée dans le couloir. Là, j’ai vu trois hommes cagoulés dévaler l’escalier en criant qu’ils étaient de la police. Ils voulaient faire croire à une descente pour assurer leur fuite », assure Sonia, une habitante qui a immédiatement prévenu la police. « Mardi, on a vu rôder des personnes cagoulées près de l’immeuble. Ils venaient probablement faire du repérage », suppose Mouna, qui envisage de quitter la ville.
Les dix familles pourraient être autorisées à rejoindre leurs logements demain soir, « le temps qu’un expert vienne faire les vérifications nécessaires », confie Vincent Hopp, représentant du bailleur social I3F. Cinq d’entre elles devaient être relogées dans des hôtels des environs. Les autres, dont une dame âgée, ont trouvé des solutions d’elles-mêmes.
C’est la deuxième fois en seulement une semaine qu’il est question d’explosifs à Sevran. Quatre cents grammes de TNT avaient déjà été découverts, il y a quelques jours, dans une cage d’ascenseur aux Beaudottes, une cité toute proche, et qui est connue pour abriter un important trafic de stupéfiants.
*Le prénom a été changé
Source : Le Parisien
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